Le péril vieux

14420Quand on traine en librairie, il y a d’abord les BD qu’on cherche, pour compléter une série ou pour découvrir le dernier livre d’un auteur qu’on aime. Dans mon cas en ce moment, il s’agit du dernier Walking Dead (le dernier comics que j’achète en français pour garder une certaine harmonie dans ma bibliothèque), le dernier Sang du Dragon (même si la série commence à trop durer) et Relation Cheap (que la vendeuse de la FNAC avait pas encore sortie de ses casiers d’arrivage au moment ou j’y suis passé. Encore un bon argument contre ce qu’est devenu l’enseigne mais passons).

Merci Delcourt pour ces tranches inchangées depuis le début.
Merci Delcourt pour ces tranches inchangées depuis le début.

Il y a aussi les BD qu’on ne voit pas ou plutôt qu’on voit mais qu’on ignore ostensiblement. Je réprime souvent un petit frisson de dégoût quand mon œil se pose sur ce genre de produit. J’évite aussi le regard hautain et condescendant envers la masse d’ignorants prêts à lâcher 15 balles dans une merde. Dans cette catégorie on trouve :

  • les BD « marrantes » (type les Blondes, les Pompiers, les Gendarmes, les Philatélistes ou les Contrôleurs de Gestion).

    Tome 12 ? Sérieusement ?
    Tome 12 ? Sérieusement ?
  • les BD d’héroic-fantasy avec des guerrières à grosses épées mais pas beaucoup d’armure sur des couvertures souvent marquées d’un soleil (un jour, il faudra d’ailleurs que je vous parle de mon amour pour la Geste des Chevaliers Dragon).

    Oui, le gros gun peut remplaceer la grosse épée.
    Oui, le gros gun peut remplacer la grosse épée.
  • Le dix-huitième tome d’une série qui aurait mieux fait de s’arrêter au tome six (Chroniques de la Lune Noire pour n’en citer qu’une. Sinon, il est bien le dernier Astérix ?)

Oui, ça aussi, va falloir penser à arrêter.
Ça aussi, va falloir penser à arrêter.

Enfin, il y a la myriade (merci la surproduction) de livre dont on a pas entendu parler. Avec un peu de chance, ils resteront sur les présentoirs une semaine ou deux, puis peut-être en rayonnage avant de disparaître dans des cartons de retour aux éditeur en cas d’échec commercial et/ou de « place aux suivants ». Certaines de ces BD sont des chefs-d’œuvre, d’autres des bouses, mais cela ne joue dans leur succès commercial qu’à la marge. Car encore faut-il avoir la chance de pouvoir les feuilleter pour se faire une idée et, éventuellement tenter le coup en passant à la caisse.

Heureusement, la toile regorge de sites spécialisés pour se renseigner en amont et éviter les pièges une fois en librairie, face à un titre évocateur, une couverture aguicheuse ou un bandeau putassier (« la BD à l’origine du succès ciné »)… Personnellement, j’utilise beaucoup BDGEst, mais vous faîtes ce que vous voulez.

Et bientôt, le film inspiré de la suite du chef-d'oeuvre qui à inspiré le film...
Et bientôt, le film inspiré de la suite du chef-d’œuvre qui à inspiré le film…

Hélas, trois fois hélas (ce qui fait quatre hélas – spéciale dédicace à Mr. Fred. Les vrais savent. T’as vu), cela ne suffit pas toujours. C’est pourquoi, j’ai failli passer à côté du petit bijou qu’est la série :

les vieux fourneaux

(Je me rends compte que cette intro fut interminable, mais quand on prend position sur des sujets aussi chaud bouillant que la BD, on se doit d’être exhaustif, pertinent, novateur et parallélépipède.)

Les Vieux Fourneaux est une série de Lupano et Cauuet, deux auteurs… que je ne connaissais pas. Oui, je sais, un mythe s’effondre, je ne suis pas omniscient mais que voulez vous, je ne suis qu’un homme. Parfois moi aussi, je me cure le nez.

Lupano, scénariste (entre autres) de la très bonne série Alim le Tanneur (que je n’ai pas lu mais qui est apparemment très bien noté partout), est donc au… scénario ! Bravo, ça suit.

Cauuet est au dessin. Je n’en dirai pas plus parce que je ne connais pas son travail et que je risquerais de dire des bêtises, notamment au sujet de son nom/pseudo. Bien qu’amateur de blague facile, il en va de mon éthique d’éviter toute comparaison avec un certain animateur.

Sachez donc juste que graphiquement, Les Vieux Fourneaux, c’est cool. C’est clair, aéré, avec un parti pris de favoriser les personnages aux décors. Et c’est bienvenu quand la voit la galerie de tronches, souvent ridées, qui se baladent dans les trois tomes parus à ce jour.

962960115La plupart des tronches sont ridées pour la bonne raison que Les Vieux Fourneaux suit l’histoire… les histoires de trois amis ayant largement dépassés l’âge de la retraite :

57a7b0d1af15252aa44eb2cabaf37f62Antoine, syndicaliste et patriarche

la-ronde-des-post-it140474575301_artMimile, aventurier et globe-trotteur de la baston,

Les-Vieux-Fourneaux-coup-de-coeur-des-libraires_655x231Pierrot, activiste casse-couille et gueulard.

Chaque tome est l’occasion d’en découvrir toujours plus sur le passé de chacun (ou des trois réunis) et sur ses conséquences, à très long terme donc. Les trois compères sont aussi insupportables qu’attachants et l’humour, ravageur et grinçant, tape toujours juste et sans lourdeur.

107971290Originaires du même patelin, et amis depuis toujours, ils se retrouvent à l’occasion de la mort de Lucette, la femme d’Antoine. Cette dernière lui a laissé une lettre qui va bouleverser ce qui lui reste de vie et le lancer sur les routes pour régler quelques comptes, poursuivis par ses deux amis et sa petite fille, enceinte jusqu’aux yeux. Tel est le pitch de « Ceux qui restent », premier tome de la série.9782505019930-couv

Le deuxième tome (« Bonny and Pierrot) se focalise sur le passé de pierrot. Malgré le plaisir de lecture, la critique de notre société et l’humour, cet opus m’a paru un peu moins bien. La faute à une histoire moins captivante à mon goût et à une construction bancale (avec une histoire dans l’histoire qui ne s’y intègre pas et tombe un peu comme un cheveux sur la soupe).arton28582

Quand au tome s’intéressant à Mimile (« Celui qui part »), c’est peut-être mon préféré. Très drôle et très bien construit, j’avoue ne pas être resté insensible à l’histoire du rugbyman de la fine équipe. Sûrement à cause de son côté pirate…

couvertureJe n’en dirai pas plus pour ne pas gâcher les grandes révélations et les petites surprises qui font aussi le charme de ces BD, que je vous recommande chaudement. C’est chez Dargaud.

les-vieux-fourneaux-on-est-vivants

Le péril vieux

2 réflexions sur “Le péril vieux

  1. Flow dit :

    Je connaissais cette série de bande dessinée grâce au premier tome, mais j’ignorais que d’autres étaient disponibles ! Il va falloir que je me renseigne. Très bon article, merci de nous avoir partagé ceci ! :)

  2. Schloesing dit :

    Eh ben, c’est ben dit, crénom ! sauf que pas d’accord avec analyse du second tome, que moi j’ai aimé, comme le premier. Le troisième j’ai pas encore, et donc pa encore lu, et mon anniv’ c’est que le 16 octobre… si, si, y’a un rapport. Outre le fait que je suis vieux. Et râleur… Mais comme il m’arrive aussi d’être gentil, je ne dirai pas ici que j’ai découvert ces BD avant l’auteur de l’article dont je suis l’auteur des jours ( de l’auteur susnommé), cela lui ferai trop de peine et entamerai un peu plus son moral. donc je ne le dit pas. Pas plus que je ne dis que celle qui m’a fait découvrir « les vieux fourneaux » est encore plus vieille. Que moi. C’est dire…

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